Au XIXème siècle, les leçons de musique pour les enfants font partie d'une bonne éducation bourgeoise et cette pièce a été baptisée “salon à musique”. Le maitre de maison est-il mélomane ou professeur de musique, on ne le saura jamais! La pièce est décorée dans le style français bourgeois, plus simplement que les autres pièces. Elle est ornée de boiseries en bois crème avec un papier à bouquets de fleurs, probablement datant des années 1890-1900. Les rideaux sont presque assortis au papier peint, réalisés dans une brocade assez raide bordée de franges et suspendus par les fameuses pinces à rideaux que nous avons vues dans la chambre de Madame. 

La cheminée est plutôt massive, et dans l'âtre a été rajoutée une cheminée en métal doré anglaise. Pendant longtemps il y avait à sa place une paire de chenets français assez imposants, ce qui fit naître une routine entre BillyBoy* et moi sur leur pertinence à cet endroit. Mais comme je l’ai mentionné précédemment, les écarts d’échelle sont fréquents dans les maisons de poupées anciennes, ils contribuent grandement à leur charme et méritent d'être respectés, donc nous finissions toujours par être d'accord! 

Le dessus de cheminée est orné d’un buste en biscuit de Mozart, de deux vases chinois, de deux bougeoirs à branches et d’un ravissant panier tressé en porcelaine (il y en a deux identiques dans la maison). Au premier plan, on peut admirer, posée sur une table en métal, une cage à perroquet en argent massif fin XIXème, achetée il y a des années par BillyBoy* à une charmante dame au Louvre des Antiquaires à Paris où les marchands sont loin d'être tous aussi sympathiques.

Les meubles sont en bois foncé avec un assortiment de chaises de bois différents, dont une bibliothèque remplie de livres miniatures.  Une des curiosités de la pièce est la console en bronze dans le style baroque, avec sa petite bibliothèque et la théière posée dessus. Ah non! elle a été déplacée récemment dans le salon double! 

La collection d’instruments de musique est assez éclectique: luths, guitares et violons avec, détail charmant, une enfant en déguisement de chat tenant lui aussi une guitare Le reste du salon a été décoré de plusieurs personnages en porcelaine tenant l’un une lyre, l’autre un violoncelle, ainsi qu’un petit ours jouant du violoncelle, détails oû l’on peut reconnaître la touche particulière de BillyBoy*. On ne peut que regretter l’absence d’un piano d’époque, parfait pour jouer du Schubert, nous espérons bien en trouver un un jour. Un joli service à thé  est placé au centre de la table avec une bonne tarte. La gouvernante s'apprète à le servir, les deux enfants ont dû bien faire leurs devoirs. L'ensemble est posé sur un ravissant tapis brodé au petit point. Sans oublier le sapin de Noël qui reste dans cette pièce à longueur d'année!

La pièce contigüe est le fumoir, à l’atmosphère plus masculine et quelque peu mystérieuse avec sa touche néo gothique. Son revêtement mural d'origine est en tissu dans les tons prune et grège. Il est entouré d'une extraordinaire boiserie en chêne foncé qui s’articule autour d’une haute cheminée, ornée d'une pendule encadrée de deux statuettes en biscuit et de deux figurines de grenadiers de la Grande Armée en bronze .

Le mobilier, de facture également masculine comporte plusieurs sièges en velours rouge typiquement second Empire, un canapé, une chaise gothique en métal doré et un tabouret recouvert de velours marron servant de table basse. On y trouve aussi un petit secrétaire en bois rouge qui recèle des lettres et documents miniatures. Au dessus du canapé est accroché un joli paysage miniature peint à l’huile de la ville de Lucerne. A coté, une statuette en bronze représentant Saint Georges terrassant le dragon

D’autres objets agrémentent de façon raffinée et poétique ce fumoir: sur une console en faux acajou avec dessus de marbre en trompe-l'oeil à dessus de marbre se trouvent d’un portrait du Tzar Nicolas II et de l'impératrice Alexandra Féodorovna, un rare service à liqueur en verre soufflé, bien connu des collectionneurs avertis, parfait pour un vieux Porto...pour poupées!

Un buste du roi George V est placé sur un piédestal devant la fenètre. Il a ainsi toute l'éternité pour méditer sur son refus d'accorder l'asile politique à son cousin le Tsar Nicolas II et à la famille Impériale, qui causa leur perte, puisqu'ils furent assassinés par les Bolcheviks.

Au premier plan, sur une table octogonale en bois de style Biedermeier avec dessus de marbre en trompe-l'oeil, sont posés un jeu de cartes minuscules, un cendrier à couvercle et trois albums de photos miniatures dont l'un date de 1900. et l'autre de 1860. On y trouve le portrait de l'empereur Napoléon III et de l'impératrice Eugénie ainsi que des vues de Paris d'époque. Autour de cette table, prêts à accueillir des joueurs, sont disposés quatre chaises recouvertes de velours rouges très Second Empire.

Le personnageoccupé à regarder l'album de photos est une poupée masculine en habit d'école militaire. Je l'ai nommé Ludovic en mémoire de mon arrière grand-père maternel Ludovic Legrand qui est mort à la bataille de Verdun à l'âge de 28 ans.

A noter enfin, le lustre en métal doré et pampilles de verre, probablement de Marklin ou Bing qui pourrait être électrifié. le fumoir a été pendant longtemps la seule pièce de la maison - avec l'office- qui n'avait pas de rideaux jusqu'à récemment, et depuis peu elle est complétée par un très joli panneau de ruban de velours ruché, suffisamment étroit pour ne pas cacher le joli travail de boiserie. Ambiance cosy assurée!