"Interdit de publication"....ou censuré?
En avril 2001, j’ai été informé que l’article (dans les pages précédentes) consacré aux prototypes de vêtements de modes pour la poupée Barbie créés entre 1984 et 1985 par BillyBoy*, ainsi que le texte que j’avais rédigé, tous deux prévus pour le numéro de BARBIE BAZAAR de juillet 2001, venaient de passer à la trappe puisque “Mattel en interdisait la publication”.
Le magazine BARBIE BAZAAR qui est sous contrat de licence avec Mattel pour l’utilisation des marque et modèle déposés ©Barbie , ne fut pas en mesure, dans un premier temps, de me fournir d’autre explication sur cette décision pour le moins abrupte. La rédaction avait pourtant été enthousiasmée par le projet et avait préparé huit pages entières à cet effet. J’ai écrit à Karen Caviale, rédactrice en chef du magazine pour lui demander des explications, que j’ai fini par recevoir: Mattel avait refusé l'article en prétextant que “BillyBoy* revendiquait des droits d’auteur sur les poupées Barbie et que les poupées n’étaient pas à lui”. Ils avaient aussi invoqué le fait que des “discussions d’ordre légal” étaient en cours avec BillyBoy* et de ce fait, Barbie Bazaar ne pouvait pas publier ces poupées dans le magazine. Les éditeurs étaient totalement effondrés de devoir tout annuler àl a dernière minute, mais ne pouvaient rien faire d’autre, selon leurs dires...
Tout d’abord, il importe d'établir qu’il n’y a absolument aucune contestation de copyright - et qu’il n’y en a jamais eu! - émanant de BillyBoy* sur la poupée Barbie elle-même. BillyBoy*, designer et artiste de renommée mondiale, est parfaitement au fait des questions relatives aux droits d’auteur. Il a lui-même été confronté à de nombreuses reprises à des usurpations de son propre nom, marques et autre copies diverses de son travail. Il a également dû faire face à plusieurs reprises à des collectionneurs de Mdvanii un peu trop entreprenants qui ont utilisé le nom et l’image de Mdvanii de façon abusive pour vendre leurs propre produits. Défendre les droits et la propriété intellectuelle de ses créations est légitime, mais cela ne peut pas être confondu avec les tentatives de Mattel de censurer certains faits historiques notoires, notament l’apport de BillyBoy* dans l’histoire de Barbie.
Les revendications légitimes de BillyBoy* ne sont autres que que le respect de ses propres réalisations photographiques des poupées de sa collection privée et, dans le cas présent, celui de la création artistique des tenues de modes créés par lui au début de années 80. A l’époque il se trouvait engagé contractuellement avec Mattel auquel il devait proposer des “modèles et concepts” pour Barbie, dans une idée de commercialisation éventuelle. Deux de ces modèles et concepts ont en effet été produits, comme tous les collectionneurs le savent. Le reste de ces créations, prototypes de vêtements, concepts de chevelure et de maquillages restent sans équivoque sa propriété intellectuelle, et n’ont, de plus, été sujets à aucune commercialisation. Par ailleurs il fut clairement stipulé par contrat entre Mattel et BillyBoy* que TOUTES photos réalisées personnellement par BillyBoy* sont tous droits réservés BB* et qu’elles ne peuvent être utilisée par Mattel sans autorisation écrite.
Les “discussions d’ordre légal” en question qui ont été évoquées concernent de fait des réclamations tout à fait légitimes de BillyBoy* quant à l’utilisation sans permission de certaines de ses photos qui a été faite sans autorisation par Mattel dans des buts purement commerciaux. Elles concernent aussi une série d’indélicatesses de Mattel à son encontre dont il a dû subir le préjudice moral et financier au cours des dernières années ( La réimpression de son livre n'est plus autorisée par Mattel, et cela sans aucune raisons). Les avocats de BillyBoy* ont été plusieurs fois en contact avec Mattel pour trouver une solution. Ce fut bien sûr une grande perte de temps. Face à Mattel, qui est la toute puissante compagnie que l’on sait, et qui a sans aucun doûte une politique à sens unique concernant le respect des droits d’auteurs, BillyBoy* n’est qu’un individu qui a de surcroit des choses plus importantes à faire que de consacrer son temps, son énergie (et son argent) à lutter contre une compagnie animée d’une évidente mauvaise foi. Mattel ne semble pas vouloir reconnaître l’incroyable apport de BillyBoy* à l’histoire de Barbie, et notamment le phénoménal sucçès de l'exposition BillyBoy* Nouveau Théatre de la Mode dans les années 1980, car le maximun est fait depuis une dizaine (vingtaine) d’années pour passer sous silence cette contribution indéniable .
Liberté de parole et droit de réponse.
Il n’est pour autant pas de malentendu qui ne puisse être résolu par une bonne dose de courage et de volonté. Dans le cas de l’article pour Barbie Bazaar, deux ou trois e-mails auraient probablement pu régler l’affaire. Si le litige concernait vraiment des copyrights photos, l’article aurait à la rigueur pu paraître accompagné des croquis de modes de BillyBoy*, dont le copyright ne peut être remis en cause. Est-ce que la propriété intellectuelle et artistique d’Andy Warhol concernant le portrait qu’il a réalisé pourrait être contestée par Mattel ? Certainement pas. Malheureusement il n’y eut aucune volonté, ni tentative, de Mattel de trouver une solution positive, juste un NON péremptoire et définitif, qui cache mal en fait une réelle censure, déguisée sous des excuses fallacieuses. C’est pour le moins curieux dans un pays dont le Premier Amendement défend la liberté de la parole!
N’ayant rien trouvé de diffamatoire contre Barbie et Mattel dans cet article, loin de là, c’est donc au nom de mon droit le plus strict et de la liberté d’expression que j’ai pris la décision de publier cet article dans son intégralité sur le site de la Fondation Tanagra. D’un point de vue purement informatif, cette présentation des prototypes de modes créées par BillyBoy* pour Barbie entre 1984 et 1985 passionnera certainement tous çeux qui ont apprécié son approche si originale de Barbie, ainsi que ses innovations et ses idées pleines d’’esprit sur les poupées de modes qui ont sû toucher tout un public et influencer les choix d’une foule d’amateurs de poupées de modes. Cette attitude est significative de la politique agressive de Mattel, comme celle qui est appliquée indifféremment depuis une dizaine d'années au sujet de nombreux clubs, magazines, marchands, collectionneurs honnêtes et sincères, qui ont tous largement contribué à l’immense popularité de Barbie. La censure des photos de Joe Blitman, l’impossibilité pour le moindre club d’utiliser le nom Barbie sans contrat, la scandaleuse affaire du magazine MILLER’S, etc.. viennent en mémoire...Comme m’en faisait part Karen Caviale dans sa réponse, “Mattel ne comprend toujours pas. Pendant qu'ils s’occupent de règlementer à tout va l'utilisation de leurs marques et copyrights, tout en inondant le marché de nouvelles poupées de collection, c’est tout le plaisir du passe-temps qui se détériore”.
En conclusion je dirai que tous ceux qui peuvent trouver un intérêt dans l’histoire enrichissante des poupées en général ont parfaitement le droit de connaître cet aspect de l'histoire de Barbie dont BillyBoy* est une partie indissociable. Par son talent novateur et sa connaissance il a contribué généreusement à enrichir la passion des collectionneurs...Je crois qu’il y est largement parvenu et que les lecteurs apprécieront ces informations historiques. Et n’oublions pas, après tout ,que tout ceci devrait être une partie de plaisir. C’était le cas......alors!
Jean Pierre Lestrade
Président de la Fondation Tanagra
Mai 2001-2013
La poupée et le nom Barbie© sont copyright Mattel
EPILOGUE
La poupée Barbie actuelle a incorporé au fil des années toutes les idées de BillyBoy* et toutes celles avancées par Mdvanii: la bouche fermée, le maquillage de Mdvanii, les cheveux noirs, un nouveau corps svelte qui est assymétrique, et bien sûr, de nombreux vêtements de marques avec, dans l'ensemble, une plus grande attention aux détails et à la qualité dans ses vêtements (Barbie eu très lingerie adulte qui rappelle vraiment celle de Mdvanii). D'une manière générale, de nombreuses poupées de modes de fabrication commerciale, s'adressant aux collectionneurs adultes, ont fait d'immenses progrès au niveau de la qualité à partir des années 1990.
Barbie a aussi donné dans genre nostalgie rétro avec une poupée faite à partir d'une substance résineuse - tout comme Mdvanii avant elle - qui a été nommée "Silkstone". Mattel a également reproduit tous les modèles iconiques des années 60 et 70 en "séries limitées" pour collectionneurs (des milliers d'exemplaires tout de même), ce que BillyBoy* avait suggéré sans succès à Mattel dès 1985).
Ceci dit, la base du marché Barbie étant les enfants dès le très jeune âge, Barbie est redevenue une princesse de contes de fées pour les petites filles avec des concepts plus kitsch que jamais. La Barbie "moderne" (qui porte les dernières tendances de la mode) ressemble, quant à elle et à toutes fins utiles, à une prostituée branchée mode.
Récemment, Mattel a été condamné par un tribunal des États-Unis à payer 310 millions de dollars aux fabricants de poupées Bratz pour un ensemble d'illégalités et pour le fait que Mattel a voulu saboter Bratz en affirmant que le concept leur appartenait, ce qui apparemment n'a pu être prouvé. Ironie de l'histoire, lorsque Mattel avait reproduit, sans autorisation et en toute impunité, des photographies copyright BillyBoy* pour imprimer des milliers de catalogues au Japon et avait également refusé de renouveler son accord pour une réimpression de 30 000 exemplaires de l'édition japonaise, BillyBoy* n'avait pu faire valoir ses droits et n'avait reçu aucune compensation.
Karma, vous avez dit karma?