Accrochez vos ceintures, collectionneurs!
Les collectionneurs et les historiens seront heureux de savoir que "Bild" Lilli, en plus de tous ses clones et avatars, ses variations, les tours de magie de la "Poupée qui disparaît", la balançoire trapèze à accrocher au rétroviseur comme porte-bonheur à virées entre copains et de sa fabuleuse garde-robe, a eu aussi un certain nombre d'accessoires particuliers. Il y a eu ce fabuleux poster dessiné par son pygmalion Reinhard Beuthien, une chaise très style Eames en vinyle et un classique aujourd'hui ainsi que le non moins iconique fauteuil "papillon" de Ferrari Hardoy. Il y eut aussi cette petite figurine de Lilli pouce levé faisant du stop qu'on accrochait sur le tableau de bord par une ventouse et qui oscillait dès que la voiture était en mouvement ainsi qu'un bon nombre d'autres accessoires qui sont maintenant très difficiles à localiser. Il n'y eu jamais un policier de la mondaine ou un revolver dans l'univers de Lilli, quel dommage, imaginez les scénarios de Série noire que l'on pourrait inventer…
ll y eut aussi une mallette rouge sang faite par *M (Maar) pour leur Lilli. Elle est très rare à trouver aujourd'hui et une anecdote assez amusante, puisque c'est à Hambourg et Amsterdam qu'est née cette pratique pour les prostituées d'exhiber leurs charmes en vitrine, ce qu'évoque cette mallette présentant Lilli derrière sa fenêtre plastifiée. Un certain nombre d'albums à colorier, d'albums pour collectionner les dessins humoristiques de Lilli et même des objets relatifs au film réalisé sur Lilli dans les années 50 en Allemagne.
La variété et l'humour des garde-robes faites pour toutes ces incarnations de poupées Lilli est un défi perpétuel avec des découvertes sans fin et cette recherche du Saint Graal des poupées peut motiver un collectionneur pour toute une vie!
ET accrochez vos ceintures…il existe des Hong Kong Lilli noires, en tous cas sous forme de prototypes, et apparemment une Lilli noire, ou à peau très foncée ainsi qu'une version de Hong Kong Lilli de 18 centimètres cette sorte qui fut fabriquée et vendue…on n'arrête pas le progrès de la découverte.
Pour conclure, ces poupées Lilli et toutes leurs variations sont extrêmement intéressantes à étudier, car elles sont révélatrices dans toute leur incroyable diversité d'une période transitoire à la fois dans la société, la mode et les tendances suivies par les poupées. Il reflètent, à la fois par leur concept et leur qualité les aspirations de la classe adolescente et les courants en action dans les années cinquante et du début des années soixante, un véritable tournant dans la culture occidentale.
Comparativement à Barbie, eux qui ont collectionné Lilli avec autant d'intérêt sont relativement rares, si ce n'est en Allemagne, icône culturelle oblige. (Ceci a toutefois changé depuis la rédaction de cet article, NDLR). De nombreux livres et articles lui ont été consacrés, pas toujours dépourvus d'inexactitudes ou d'erreurs,. Ces poupées sont devenues mythiques…elles constituaient une grande innovation pour l'époque. Je fus le premier à écrire sur "Bild" lilli dans mon livre consacré à Barbie, “Barbie, Her Life and Times” (Crown Publishers, New York).
Alors que la Bild Lilli originale était, comme nous l'avons vu, d'une très grande qualité, comme le sont à leur façon, les tenues de Miss Seventeen ( on peut en effet les considérer comme des modes de "designers" puisque l'on sait qui les a dessinées comme nous avons vu précédemment), le lot des autres a un point commun, c'est une qualité médiocre. Aussi il ne faudra pas s'étonner de leurs coutures approximatives et de leurs maquillages pincés dus à une peinture rapidement exécutée et à la chaine. Pourtant, malgré cet aspect assez rébarbatif de la pauvre qualité de ces poupées, comme c'est le cas pour Babs et sa garde-robe, cela ne veut pas dire que ces poupées sont d'un intérêt secondaire. Les poupées, en tant qu'incarnations ou doubles de Lilli ont une allure spéciale qui a sa propre poésie. Les Hong Kong Lilli peintes trouvées en Allemagne et Autriche sont d'un intérêt particulier et sont aussi précieuses pour un collectionneur que les Lilli fabriquées en Allemagne. Le "genre" tout entier est très poignant, rétrospectivement parlant s'entend.
Ces poupées ne sont pas faciles à trouver (même depuis internet NDLR). Elles sont considérées comme rares, plus que n'importe quelle Barbie de collection, car elles ont existé pendant une période très courte, en quantités bien moindres et inutile de dire que c'était des jouets facilement jetables car bon marché. Mais avec des recherches assidues on peut encore les trouver. Hors de leur boites, elles sont plus difficiles à identifier, à cause de la variété de tous ces clones et de leurs garde-robes.
Pour les tenues jamais sorties de leur boite (le fameux "Mint-in-box") on peut faire le choix de les sortir pour les exposer sur des poupées sans risquer de détruire aucun aspect de leur intérêt d'objet collectionné. Bien sur, s'il faut toujours garder l'emballage, même abîmé, pour référence, le fait de garder la poupée dans son emballage pour moi est secondaire. Tout dépend de la façon dont on collectionne et du plaisir que l'on a à regarder ces créatures... La plupart du temps, pour une somme relativement modeste, on peut trouver plusieurs exemples comportant des variations et l'on peut se permettre d'en garder un ainsi pour la postérité. Je recommande particulièrement sur le sujet le livre de Silke Knaak, intitué "Deutsche Modepuppen der 50er + 60er - German Fashion Dolls of the 50's + 60's", qui donne une source précieuse de documents sur Lilli, ses clones et les poupées allemandes des années 50 et 60. Un livre indispensable pour ceux et celles qui s'intéressent à ce sujet, car il est fait de toute évidence par une collectionneuse avertie et qui en outre a une fabuleuse collection. On peut le trouver sur ebay.
Je pense qu'avec un peu d'effort, on peut rassembler une sélection intéressante de ces poupées, et se faire le plaisir d'une illustration parfaite de cette période où les pin-ups de l'après- guerre, les starlettes d'Hollywood, les prostituées émancipées, les déesses du glamour, les filles faciles et les ambitieuses étaient les reines d'un univers qui était une fenêtre ouverte sur le monde pour cette classe en plein boom: les teen-agers, les plus de dix ans et moins de vingt ans.